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Journal, très court j'espère, d'un SDF de plus

28 décembre 2007

[68] Les fondations, et après...

54eme et Dernier jour

Cela fait presque 1 mois que le 28 décembre 2007 est passé. Que cette foutue année 2007 s'est achevée, et au moins, je n'aurais pas fêté la Saint-Sylvestre en SDF.

Ce 28 décembre, l'agence m'a remis les clés de mon appart. Le meilleur moment je crois, c'est l'instant où, j'ai vidé ma voiture pour poser tous mes sacs à l'intérieur. La voiture était pleine. L'appart, après, semblait encore vide.
Puis je me suis posé par terre, et j'ai fumé une cigarette, pour savourer cette petite victoire. Non, ce jour-là, c'était une belle victoire. Vraiment.

J'ai eu un vrai pincement au coeur quand j'ai quitté le foyer. J'ai découvert là-bàs une autre humanité, intéressante, parfois touchante. Mais ce n'est pas une vie, le foyer. Au bout d'un moment, ça pèse un peu sur le moral, et on a vraiment envie de retrouver sa liberté.

Finalement, j'ai pris l'appart qui m'emballait pas trop au début, pour de bonnes raisons stratégiques : il est à 2 pas du métro, à 3 pas du boulot, et au rez-de-chaussée, pratique pour mon veuf de père qui se prépare à émigrer à Toulouse, vu qu'il se sent seul comme un chien, comme il dit. Il viendra quelques temps chez moi, avant de se trouver un appart à lui dans la Ville Rose. Peut-être que ma soeur et mes nièces nous rejoindront aussi dans quelques mois.

L'appart a été partiellement détruit par les anciens locataires, et actuellement un artisan refait tous les murs et le sol. Je m'en accomode. J'ai pris un taudis de 35 m², je vais le transformer en agréable repère aux couleurs chaudes.
En attendant, j'ai rejoint la grande masse des travailleurs emportés dans un temps qui file à toute vitesse. Entre le boulot, la paperasse qui n'en finit jamais et mes projets persos, il n'y a pas assez d'heures dans la journée, et je vais bientôt mourir de vieillesse je sens.
La bonne nouvelle quand même, c'est que j'ai passé sans problème la période d'essai chez Infomobile et que je ne sens aucune lassitude pointer le bout de son nez. Ce boulot alimentaire me convient très bien pour l'instant. Et à moins d'une faute grave, je peux pas être viré. Oui, le CDI a vraiment quelque chose de rassurant.
Toutefois, je prends tout ce "confort" comme un moyen, une base, et non comme une fin, dans l'objectif de servir mes projets personnels. Mais pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour. J'ai juste posé les bonnes fondations, je dois encore surelever par quelques briques, stabiliser tout ça, laquer, poncer, et ensuite...  rien ne m'arrêtera !

Dorénavant, ce journal n'a plus lieu d'être, et j'entame donc un nouveau chapitre rédactionnel, bien plus irrégulier, puisque moins on est dans l'aventure ou dans la merde, plus on tourne en rond, et moins l'écriture est indispensable...

Maman, t'as vu ? J'ai gagné !

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20 décembre 2007

[67] Histoires secrètes

Jour 46

La routine s'installe peu à peu. Quand je reviens le soir au foyer, je suis épuisé.

Fouk l’asiatique a disparu. Dommage, même s'il avait toujours les yeux rouges, et l'haleine un peu chargée, je l'aimais bien ce gars-là. Il m'a raconté que dans un autre foyer, une fois, il s'était fait piquer sa carte d'identité. Il est sorti, avant de revenir avec 2 gros bidons d'essence à bout de bras, prêt à foutre le feu, si elle ne lui était pas restituée ! Ca m'a beaucoup fait rire son histoire.

Deux parties d’échecs contre Jean-Pierre, un gros bonhomme silencieux d’une cinquantaine d’années et qui joue depuis 15 jours. Excellent niveau acquis en très peu de temps.

J’ai filé un exemplaire de mon scénario - autant dire mon trésor - à Karim, ancien commissaire aux comptes qui a tout perdu en quelques mois. Comme les autres, je pense qu’il trouvera ça indigeste, et qu’il n’ira pas au bout. Peu importe. Je reste convaincu du potentiel de mon travail.

Hamid, pourtant très gentil, est encore là. Il nous a raconté qu'il s’est fait agresser par 4 mecs avec lesquels il avait sympathisé, en se faisant chouraver portable et portefeuille. Et quand il réplique à ses agresseurs avec un bâton pour se défendre, c'est lui la victime qui est embarquée par les flics avant d’être placé en garde à vue. Pas mal pour un gars arrivé à Toulouse depuis moins de 10 jours ! Qu'est-ce qu'il m'a fait poiler cet Hamid ! Il ne perd pas pas sa bonne humeur, et sérieusement, ce garçon pourrait faire de la scène, il a un style et une vitalité tout à fait charmantes.

Mais ce que je remarque le plus dans le foyer, c'est la pudeur ambiante. On parle de plein de choses extérieures à nous-mêmes, chacun à son histoire secrète, douloureusement secrète, car le foyer n'est pas un bureau des pleurs. Les gens ne sont pas là pour faire de malsaines comparaisons de souffrances, ou des séances de psychothérapies, on ne s'ouvre pas en public sur les raisons qui conduisent à un être à faire partie des moutons noirs. Ce genre de choses, se fait à la limite, en tête-à-tête. On n'est plus dans l'apparence, le fashion, les conventions sociales, plus que jamais on est dans l'humain.

Ainsi je me sens naturellement beaucoup plus proche des "pauvres", que des petits fortunés qui hantent les casinos. C'est un lieu commun que d'opposer richesse de portefeuille et richesse d'âme, mais pour ma part, et de ce que j'en ai vu, cette assertion m'apparaît incroyablement vraie. On ne peut pas tout avoir dans la vie.

Pourtant ce n'est pas ceux qu'on croit que j'envie le plus, loin de là...

19 décembre 2007

[66] Toit, et Eux.

Jour 45

J’ai envoyé bouler l’agence immobilière. Leur suivi client est vraiment déplorable, malgré le très joli minois et le bel accent de la jeune femme en charge de mon dossier. Elle sait bien pourtant que je suis dans une situation d'urgence, mais la plupart du temps, c'est moi qui doit rappeler, quand ils ne sont pas injoignables.
Le coup de grâce, ce sont ces « vérifications » concernant Patrick, et juste Patrick, auprès de son employeur (injoignable lui aussi), alors qu’il a fourni toutes les pièces exigées. Ca pue le préjugé raciste à plein nez. Un noir, directeur d’un grand magasin, mmm, c’est louche… Bande de connards. Qu’ils aillent au diable. Cela fait plus d’un mois qu’ils essaient de louer l’appart que j’ai visité, mais avec leurs horaires à la con, et leurs contrôles surdimensionnés, je comprends que les murs soient encore vacants. Pff, pour un appart plutôt bas de gamme, et très quelconque... c'est ridicule !

Du coup, j’ai visité un autre T1bis, d’une autre agence, moins grand, mais à 2 minutes à pied du taf.
Pas trop mal, même si je suis pas emballé. Libre tout de suite, mais les murs et le sols doivent être refaits à neuf vers le 15 janvier.

Retour au foyer et riches discussion avec des pensionnaires, rires, ca fuse dans tous les sens, les heures défilent, on parle de femmes, de politique, de cinéma, religion, chacun y va de ses anecdotes, surtout Hamid, très marrant, nouvel arrivant à Toulouse qui a pourtant accumulé les plans loose, les clopes s’enchaînent sur le patio, les heures défilent, on a l’impression que personne ne va jamais s’arrêter, c'est épuisant, mais c'est bon de partager ainsi.

Du coup, cette nuit, je me suis endormi plus vite que la veille : on dirait que mon corps se réhabitue à la chaleur d’une chambre…

18 décembre 2007

[65] Et c'est parti pour le train-train...

Jour 44

8h45 : Sortie obligatoire du foyer.
Comme le taf commence à 9h30, j’arrive en premier de mon groupe. Ca me change, moi qui, depuis tout petit, à la sale habitude de courir pour arriver "juste à l'heure", en sueur généralement. Au moins, on pourra pas me virer sur l’assiduité horaire.

Au téléphone (ou au casque plutôt), je commence à prendre de l’assurance, et à maîtriser le discours. On nous demande que ça pour l’instant. Ca tombe bien, parce que je réalise à quel point la formation est insuffisante.
Obligé de demander de l’aide à 1 appel sur 2. Pas grave. Chaque jour, j’en saurai plus que la veille, et surtout, je suis avide d’apprendre.

Mais plus important que tout : le temps passe vite, je ne m’ennuie jamais, et je m’oublie dans le boulot, j'oublie un peu maman, mon sentiment d'exclusion, le vide existentiel de certaines heures, j'oublie le mépris voilé de Marie, et ses doutes quant à ma capacité de ne pas vivre uniquement sur le dos de quelqu'un. Bien sur, maintenant que maman est morte et que mon dos est rafistolé, c'est plus facile de faire ses preuves. Quelque part, j'aimerais qu'une petite souris lui susurre à l'oreille à quel point elle s'est lourdement trompée à mon sujet, et que j'ai fait exactement ce que j'ai annoncé...

Mais pour le logement, je patine encore un peu. L’agence, qui gère un appart intéressant que j’ai visité, tourne à des horaires inadéquats : il commencent après moi, finissent avant moi, et sont fermés le samedi ! Et ils sont difficilement joignables au téléphone. Ils auraient dû me rappeler pour le suivi du dossier, mais ils m’ont totalement zappé. Ca commence sérieusement à me prendre le chou cette histoire…

Comme au boulot, je commence aussi à me sentir à l’aise au foyer, à communiquer davantage. J’ai bien pris soin cette fois-ci de ramener mon oreiller, et quelques affaires indispensables à une bonne hygiène.
D’ailleurs je remarque rapidement que les ¾ des pensionnaires sont plutôt mutiques. Ce sont toujours les mêmes qui conversent à haute voix.
La nuit a été aussi courte que la veille : faut vraiment que j’arrête de penser...

17 décembre 2007

[64] Un foyer contre le froid

Jour 43

Retour à Toulouse, tôt dans la matinée, pour attaquer ma première vraie journée de taf.
La formation basique est terminée, et il est temps de se jeter à l’eau sur les plateaux d’appel, en « prod » comme ils disent ici. Heureusement, des « assistants plateaux », autrement dit des anciens, tournent en permanence pour venir à notre aide dès qu’une main se lève.

Ils nous ont dit que nous, les débutants, on devait prendre notre temps pour traiter les demandes, en fouinant dans l’intranet encyclopédique du groupe.

Plus facile à dire qu’à faire, quand on sait que client brûle son forfait avec une musique d’ascenseur pendant que le bizuth s'instruit.

Ma main se lève souvent, il y a rarement deux demandes identiques, hormis les paiements d’impayés par carte bancaire. Malgré toutes ces carences liées au manque d’expérience, je suis rassuré sur un point très important pour la suite des évènements : j’aime bien ce boulot alimentaire. Mélange de service et de technique, le cul au chaud, et machine à café gratuite. Ca me convient pour poser les bases de ma reconstruction, avant de lâcher mon dragster...

Le froid toujours aussi mordant a fini par vaincre mes réticences d’éviter les foyers d’accueil. Je dois bien dormir et éviter d’arriver au boulot comme un clochard. Pas une seconde, je n’oublie que je suis encore à l’essai, même s’il faut manifestement être très mauvais pour se faire virer.

J’appelle le 115, j’explique que je bosse Port Saint-Etienne. En quelques minutes, ils me trouvent un lit au foyer Riquet, à 5 grosses minutes à pied de ma boite.

Bonne nouvelle, mais une fois là-bas, je m’attends au pire, genre un dortoir dégueu de 40 personnes, avec des ombres la nuit qui furètent pour fouiller les sacs des honnêtes gens endormis, des clochards avinés jusqu’à la lie, des mares de gerbes, des bagarres, des gens qui gueulent à quatre heures du matin, des rapaces qui viennent te taxer toutes les dix minutes et autres carnavals de ce genre.

Arrivé sur place, j’ai pratiquement tout faux. Pan pour les préjugés !

Le foyer Riquet n’a rien d’un camp de réfugiés. Ca ressemble plus à des locaux associatifs de loisirs pour petits vieux ou handicapés. Mais c’est juste un foyer, fermé de 8h45 à 18h30.

J’arrive sur place bien après 19 heures, après avoir bouffé au Ramier. On m’informe très vite que le foyer ferme ses portes à 19 heures, mais comme c’est mon premier jour, l’équipe ne me pose aucun problème. En revanche, macash pour que je sorte rechercher des vêtements propres dans ma voiture. Si je sors, je ne rentre plus. Tant pis. J’imagine que cette sévérité horaire est faite pour empêcher les ivresses tardives du petit monde des SDF.

Inside, salle de douches, bibliothèque désuète, un poste internet bridé, une grande télé, un patio fumeurs, une machine à café, une dizaine de tables de 4 personnes, et des petites unités de 6 lits environ, pour un total de 40 pensionnaires environ. On me file 2 draps, une couverture, une petite serviette, et une paire de chaussette en dépannage (mes chaussures prennent l’eau).

J’arrive au moment du repas, et d’entrée, je trouve qu’il fait presque trop chaud dans ce foyer ! Sûrement la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur. Le repas est pas trop mal : Entrée, plats chaud, fromage et dessert. Meilleur que le resto social du Ramier en tout cas.

Et puis surtout, aucune atmosphère de guerre civile. Ici, tout le monde est calme. C’est l’entente cordiale. J’essaie tout de suite de paraître à l’aise, mais je ne crois pas duper grand’monde. Premier jour, je reste en retrait, j’observe la population. Une bonne moitié ont vraiment la tronche cassée de SDF, alors que d’autres, malgré les fringues un peu élimés, font davantage illusion. Très peu de femmes, des hommes de tous âges, arabes et blancs ultra-majoritaires majoritaires, et un asiatique, Fouk, dans ma chambre.

La nuit tombée, sommeil difficile. Grosse gamberge. Je pense encore et encore à ma mère. Images encore en boucle dans ma tête, et qui descendent dans ma poitrine. Et puis, il y a type qui ronfle fort. Un autre s’énerve, et finit, dans l’obscurité par lui balancer un objet, une chaussure probablement. Impossible de dormir avant deux heures du mat’. Quelque part, je me sens pitoyable d’en être arrivé là, et j’imagine ma mère, blanche, penchée sur moi, triste pour moi d’être tombé si bas, avec un désir infini de consolation.

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16 décembre 2007

[63] Soleil d'hiver

Jour 42

[Toujours à Montolieu]

Je ne quitte pas ma parka et mes gants. La maison est toujours aussi polaire. Les murs ne servent à rien contre la froidure.
La chambre des enfants, malgré le petit radiateur poussé au maximum, est impuissant à inverser la tendance.

Dehors, le ciel est d’un bleu estival, il y fait presque moins froid qu’à l’intérieur, et il m’arrive de me poser juste en face du soleil, les yeux fermés afin de mieux m’imprégner des lointains rayons. Je pense à ce chef Samoa, qui disait que l’un des maux de l’homme blanc – le Papalagui dans son langage - est son « trop-penser », au point d’étouffer le langage naturel du corps. Exercice difficile pour moi que d’arrêter la gamberge, mais j’y parviens. Sensitif.
Je ne pense plus, et mon visage reprend vie. C’est agréable. Je ne bouge plus, et je bois cette douce chaleur avec comme un éphémère cadeau du ciel : Meilleur moment de la journée.
Le reste ne sera que vide remplissage.

15 décembre 2007

[62] Mises à jour

Jour 41

[Toujours à Montolieu]

Mise à jour de l'hygiène : Douche. Lavomatic à Carcassonne.
Mise à jour alimentaire : Petites courses pour le WE chez ED.

Et puis, un peu de zèle pro : j'ai choppé un catalogue SFR, pour être au point sur les produits vus par les clients, même si la fatigue et le froid, annhilent ma volonté de plonger dedans comme un mort-de-faim. Ce sera pour plus tard.

Autrement rien de spécial. Si, en fait : Dans la chambre des enfants, j'ai réalisé qu'il y avait un petit radiateur !
Donc, je dors à l'étage ce soir. Mais le pauvre objet à un mal de chien à réchauffer la pièce. Pareil, comme la veille : 4 couvertures ne sont pas de trop.

Dommage. Je me suis rappelé aujourd'hui, comme un flash, que mon cousin possède bien un radiateur à roulettes, bien plus efficace.
Mais il doit être enfermé dans sa chambre.
Fermée à clef.

14 décembre 2007

[61] Petits bonheurs imprévus

Jour 40

Cet après-midi, les choses ont sérieusement commencé au boulot.
Pour la première fois, les mains moites, j'ai pris des appels. Demi-journée d'initiation, en duo avec une "ancienne", avant le grand saut lundi, en solo.
J'ai eu de la chance : Nadia, qui m'accompagnait, était extrêmement gentille, et obligeante à mon égard. Aussitôt après le premier appel (elle écoutait tous les échanges dans un autre casque), elle m'a dit que j'avais une "super-voix" au téléphone ! Très apaisante. Zen. Et que le discours était bien.
Et de fait, je ne suis tombé sur aucun énervé, et j'ai bien senti que les clients que j'avais au bout du fil raccrochaient à la fois satisfaits, avec le sentiment de ne pas être de simples numéros de dossiers.

Après, le stress me paralyse encore un peu le cerveau, pour une maitrise simultanée du discours, et de l'outil informatique. La notion de "temps d'attente pour le client" prend tout son sens en conditions réelles.
D'emblée, j'aime beaucoup cette notion de service couplée à la technique pure. Ca me va bien, je le sens, comme métier alimentaire. Vivement lundi !

Après 17 heures, j'ai filé à l'agence et comme prévu, Patou n'a pas envoyé les pièces. La contribution de Cédric - encore un ami proche - ne suffit pas : il n'est pas en CDI. Quand à Jem, malgré un salaire 7 fois supérieur au loyer, son dossier de garant est rejeté : il est encore à l'essai dans sa nouvelle boite. La guerre du logement continue. Je suis bon pour re-re-repartir à Montolieu, dans la maison vide et froide du cousin. Je pense déjà à la douche du samedi matin.

Suis passé ensuite au Resto Social pour dîner (grassement) avant de prendre la route...

Or, ce matin, on m'aurait dit : Ce soir tu joueras du violon et de l'accordéon, j'aurais regardé mon interlocuteur les yeux mi-clos, et la bouche de travers... C'est pourtant ce qui est arrivé !
Quand je suis passé chez Laurence et Bernard pour prendre les clés de la maison du cousin, il y avait juste Eleonore, 17 ans, leur fille ainée, et son petit ami, Will.
Cela fait 9 ans qu'Eleonore joue du violon. Et spontanément, elle m'a proposé d'essayer !!! Moi qui pensais que la chose était presque "sacrilège" du fait de la relation particulière entre le violoniste et son instrument ! Mais non. Eleonore est une fille très ouverte, artiste, ecolo, sincère. Elle m'encourage d'essayer.
Bref, d'abord c'est l'étonnement : le violon est un instrument très léger ! Je prends l'archet, fait de crin de cheval. Je frotte ces petites fibres aux cordes metalliques: Miracle ! C'est du vrai son de violon ! Ca parait bête à dire comme ça, mais je me suis très vite demandé comment il était possible d'obtenir un son pareil avec du crin de cheval frottant sur du métal.
J'avoue avoir été bouleversé par cette rencontre.
Je pensais à Marie, qui à fait 10 ans de violon, et qui a arrêté sans jamais vouloir reprendre un petit peu. Je comprenais d'autant moins sa décision, que je me sentais violemment touché par ce son que JE générais si près de mon oreille gauche. Une vraie révélation. J'aimais bien le violon avant, mais là, le simple fait de tenir l'instrument entre l'épaule et le menton, de faire aller et venir l'archet, me procurait une jouissance pratiquement inégalée par les autres instruments de musique. Mon coeur bondissait dans ma poitrine.

Eleonore m'a fait aussi essayer l'accordéon. Plus dur, plus encombrant bien sur. Moins raide, moins tendu, moins magique. Et pourtant, j'ai pu sentir un immense potentiel mélancolique émanant de cet objet. Avant je trouvais ça vraiment ringard. L'accordéon, c'était Pascal Sevran, Yvette Horner, Raymond et son orchestre. Mais je sentais, l'instrument contre ma poitrine, qu'il y avait autre chose, de bien plus beau, de bien plus poignant dans le ventre de la bête. D'ailleurs Eleonore m'a interprété, sans aucune fausse note, Amélie Poulain, de Yann Tiersen. Extraordinaire.

J'ai passé une très bonne soirée avec les deux adolescents. J'ai même mangé des Samoussa Bio au paté végétal produit par ses parents. En partant, Will m'a accompagné à la voiture. Je lui bien fait savoir, qu'Eleonore était une personne très saine, et que ça court pas les rues les gens comme ça. Qu'il soit bien conscient de ça, sans vouloir faire le vieux donneur de leçon. Je le pensais vraiment...

Vers 23 heures, je franchis à nouveau le seuil de ma résidence "secondaire", même si je n'ai pas de résidence "primaire". Atmosphère glaciale. Je dors sous quatre couvertures, toujours en boule. C'est la position la plus rassurante, et puis, le bout du lit est gelé, et c'est très désagréable de le réchauffer avec ses pieds...

13 décembre 2007

[60] D'usure et d'ironie.

Jour 39

Au fond, je ne sais pas ce qui me dérange le plus. Le froid avec ses premières givres, le bordel dans mon AX ou le fait d'arriver au boulot comme un semi-clochard.
Le problème du froid, avec le temps, devient surtout psychologique. Il use la volonté, et génère plus vite la fatigue physique. En fin de journée, je suis souvent épuisé, aussi bien par la nuit forcément exécrable, les levers matinaux, et la nécessité d'attention durant la journée de formation. Aussi je ne vais plus à la piscine, même pour me doucher. D'ailleurs, comment sécher la serviette, avec ce temps ? Je me laisse aller, je n'ai même pas le courage d'aller au lavomatic (et quelque part, je sais que ça va encore me coûter dans les 7€ entre le lavage et le séchage), tant l'obsession de retrouver des murs me travaille. Je dispose de très peu de temps pour la recherche de logement, et après 17h, je n'ai plus que ça en tête, sans oublier que la plupart des agences sont fermées le samedi.

Et en me rendant au boulot ce matin, j'observais énormément les gens qui eux aussi, allaient gagner leur vie. D'abord les cheveux : bien coiffés. Propres. Parfois un peu de laque. Nous sommes clairement dans une démarche de séduction sociale, même en dehors du samedi. Les vêtements pareils. Propres. Parfois bien repassés. Et les parfums, eaux de parfums, et autres fragrances qui naviguent ça-et-là. Je les envie. Oui, ils ont bien dormi. Ils ont bien mangé ce matin. Ils se levés sans redouter la morsure du froid. Ils ont peut-être même écouté la radio devant leur café. Ils se sont regardés dans une glace, avant de partir et se sont dit : Je suis au top ! D'ailleurs, ils ne se le disent plus, c'est devenu naturel au fil des mois. Ils ne connaissent plus leur chance.
Moi, quand je suis arrivé au boulot pour me voir en entier dans la glace des chiottes, j'ai fait : Oh là là ! Comment je vais arranger ça ? Sans oublier l'odeur de transpiration des fringues. Quelle horreur...

La guerre du logement continue : j'attends les papiers des garants. Surtout de Patou, hyper booké dans son magasin de jouets en cette période de fêtes. Il est la clé pour passer pour passer dans l'entonnoir des agences. Mais comme je l'ai dit, il est hyper-booké, et je sens déjà qu'il ne prendra pas le temps aujourd'hui de faxer les pièces nécessaires à l'agence.

Je suis encore bon pour dormir dans la voiture ce soir. L'hôtel est devenu vraiment trop cher pour moi. Je dois garder mes sous pour le 1er mois de loyer, et les frais d'agence. Putain, dire que je balade avec plus de 5000 Francs sur moi, et que je mène une vie de crevard. Quelle ironie...

12 décembre 2007

[59] La guerre du logement

Jour 38

Il arrive toujours un moment où la meilleure volonté du monde, se heurte des barrières hérissées de pointes.
Autant pour trouver du travail - si la santé le permet - il s'agit de s'affranchir de la paresse, du fatalisme, de ne pas regarder trop en arrière les mois "d'inactivité", et d'être bien organisé, autant le logement s'affirme de plus en plus comme un privilège, et non plus comme un droit.

En France, on sait tous que la situation tend vers le critique. Surtout dans les grandes villes. Hormis Paris, où l'offre est rachitique par rapport à une demande explosive, il est théoriquement possible de se loger dans toutes villes et cités de France et de Navarre.
Théoriquement.
Parce qu'il y a un truc dans l'air qui dit que tous les locataires sont des enculés en puissance (comprenez des squatteurs qui ne paieront pas leurs loyer) et les propriétaires des victimes prédestinées à être escroquées par la pauvreté ambiante.
Le propriétaire ne dort pas la nuit, il tremble chaque jour de chaque mois de chaque année que le chèque du pauvre-non-propriétaire ne parvienne pas dans sa boite aux lettres, pire encore, qu'il soit rejeté par sa banque.

C'est donc la guerre. Mais une guerre étrange, opposant 2 races qui doivent pourtant coopérer. Et c'est bien souvent l'agence qui fait le filtre entre ces 2 espèces qui, dès le départ, se font la gueule, avant même de se connaître. Bref, la méfiance intestine, la peur du chômage qui plomberait les loyers, la malhonnêté intrinsèque du locataire potentiel, font que la recherche de logement en France est un terrain miné.
Déjà, celui qui est seul de chez seul - ni famille, ni amis - est pratiquement condamné à se voir opposé une fin de non-recevoir s'il veut signer un bail. Et c'est bien ça qui me rend dingue : je voulais à tout prix éviter de faire appel aux autres pour entrer dans des murs, parce que j'estime que mon cheminement matériel, n'a pas à être lié à mes proches.
Surtout sur les questions d'argent, extraordinairement efficaces pour pourrir les rapports humains.

Or, personne n'est à l'abri d'un accident, et je ne vois pas au nom de quoi, untel ou untel, en tant que garant, devrait accepter d'endosser les risques inhérents de la vie. Je ne parle pas du tout de malhonnêteté, mais simplement de malchance. La malchance existe. Il existe des tonnes de raisons pour trébucher, contre son gré. Et le garant devrait accepter d'essuyer les plâtres !!? Absurde ! Surtout que lui aussi n'est pas à l'abri d'accidents !
Le risque zéro n'existe pour personne. Or, c'est ce que veut le propriétaire : le risque zéro.
Le proprio n'accepte pas que la vie elle-même comporte sa part de risque. Bien sur, lui-même est tenu par son crédit, et sa banque, elle-même tenue par machin et encore machin...
Mais enfin, dans ce monde ultra-systématisé, il existe des réalités humaines, morales, ethiques, des urgences liées à l'hiver par exemple, et qui devraient prévaloir sur la peur de l'accident, qui si ça se trouve, n'aura jamais lieu.
Et c'est de pire en pire. L'entonnoir ressemble à un goulot d'étranglement : CDI - hors période d'essai - 3 dernières fiches de payes - avis d'imposition - gagner 3 ou 4 fois le montant du loyer - un garant aux reins solides, sinon plusieurs garants - payer la caution etc.
Ne pas répondre à un seul de ces critères, et on vous claque la porte au nez.

Je n'ai plus de famille derrière moi, mais heureusement, les amis d'enfance, jugeant sûrement ma détermination sincère à m'en sortir, acceptent de partager les fameux risques. Et moi aussi, je le ferais en retour, si un jour le cas se présentait.

Mais je garde quand même, au fond de la gorge, un certain dégoût, une certaine amertume devant tant d'exigences qui frisent l'irrationnel. Il me semble que la chose était plus humaine, pendant les 30 glorieuses par exemple. Que les gens se fiaient plus à leur intuition pour signer un bail. Ce temps est révolu.

Ce soir, j'ai visité un grand T1 Bis à un prix raisonnable (pour Toulouse). 45m² pour 420 € charges comprises. Chauffage au gaz. J'ai essayé de négocier pour entrer au plus vite dans les murs, de lâcher 800 € en liquide, pour dormir dès ce soir, corps déplié. Ma grande angoisse, c'est d'entrer en production (passée la formation) lundi prochain, dans des conditions d'hygiène, et de sommeil déplorables. Sachant que je suis encore à l'essai jusqu'à 3 janvier 2008, j'ai bien peur que dormir dans la voiture soit fatal sur mon évaluation finale.

Rien à faire. Céline, qui m'a fait visiter l'appartement, est aussi mignonne qu'intransigeante.
D'abord des papiers, des papiers et encore des papiers. Après on étudiera votre dossier. Et on décidera après. Aucune possibilité d'arrangement auparavant.

Même s'il fait zéro degrés dehors.

CQFD.

11 décembre 2007

[58] Gaspillage

Jour 37

J'ai passé une myriade de coups de fils après le boulot, pour trouver un logement aux proportions convenables. Difficile de rechercher un toit avec des horaires de bureau basiques, qui coïncident avec celles des agences. J'ai néanmoins décroché un RDV demain, et un autre après-demain.

Mon portable étant à l'agonie, je suis contraint de retourner à Montolieu récupérer le cabat oublié avec pas mal de petit merdier à l'intérieur. Crispant. Pas les kilomètres avalés bien sur, mais l'investissement en carburant sur mon budget ultra-short. Gaspillage, gaspillage, gaspillage, qui rime avec Dommage, voilà ce que je me répète.

Arrivé à Montolieu, je suis passé chez Laurence et Bernard chercher les clés de la maison de mon cousin. Laurence et Bernard vivent dans une grande maison de pierre et de bois, bien chauffée, ample, apaisante. Ils font eux-mêmes leur pain bio, et vendent sur les marchés du pâté végétal produit par leurs petites mimines, et par leurs parcelles de terre - sans pesticides - bien sur. Petite consolation : ils m'ont spontanément invité à diner. C'était chaud, sain et délicieux. La soirée fut très agréable à leurs côtés, me permettant, l'espace de quelques heures, oublier ma rage d'être à ce point une tête de linotte. Je passe la nuit, encore une fois, dans la froide maison du cousin, et rebelote pour me lever très tôt, trop tôt demain matin. La lassitude me gagne.

10 décembre 2007

[57] Confort traumatique

Jour 36

Endormi tard, et encore en carence de sommeil. Pas cool pour un début de semaine.
Finalement, le froid, l'envie de pisser, et certainement l'inquiétude inconsciente d'arriver en retard m'ont fait lever à 5h15, en devancant le réveil. La froidure automnale est extrêmement désagréable. Je marche constamment les muscles contractés.
Bien m'en a pris de me lever aussi tôt. Le ménage fut plus long que prévu, et les bouchons à l'entrée de Toulouse m'ont fait arriver au taf à 8h55, soit 5 misérables minutes avant l'heure.
Pas de douche en partant, car j'ai horreur de me laver et de porter juste derrière des vêtements sales. Eh oui, en reprenant tout mon barda de chez Véro, j'ai carrément oublié mon seul "vrai" bagage avec toutes mes fringues propres, caleçons compris ! Résultat, je repars dans la grande ville presque aussi puant qu'il y a 3 jours.

Ce soir, je dors à l'Excelsior, une petite chambre d'hôtel à 25€ la nuit, pas très loin d'Infomobile. Très envie de dormir dans un endroit chaud ce soir. Mais que la peste m'emporte, je réalise que j'ai oublié un de mes sacs à Montolieu ! Où ça ? Dans la maison, le garage, dehors ? Je tremble qu'un maraudeur ne tombe dessus, en emportant avec lui mes affaires de toilettes, mais surtout mon chargeur de portable, indispensable pour la recherche de logement.
Putain, c'est tout moi ça ! Etourdi à n'en plus finir. Une mémoire immédiate de merde. Non, si je repasse le film de la matinée, le sac doit être près du garage, ou à l'intérieur. J'ai tout sorti de la maison, je me suis rendu au garage pour fermer l'arrivée d'eau, et voilà, dans l'obscurité, j'ai oublié le cabat. Quelle merde ! Plein le cul de me trimballer tous les sacs recyclables de supermarché ! Après l'oubli de chez Véro, rebelote ! Je vais faire comme dans Memento : je vais me coller des post-it partout...

Reste que ce soir, je me paye le luxe de dormir à poil dans un lit deux-places avec de la literie propre, et une pièce chauffée. Conditions optimales pour attaquer le mardi.

Et pourtant, étrangement, malgré le lit et la chaleur, malgré le manque de sommeil, j'ai un mal fou à m'endormir sur un matelas et sous les couvertures. Comme si, quelque part, mon corps commençait à trop s'habituer à dormir sur du "dur" dans un contexte de rigueur climatique, et qu'il n'intègre pas le brutal changement d'environnement. Résultat : dans ma voiture, je ne souffre d'aucune insomnie, je m'endors assez vite avec mon duvet, ma parka, mes capuches, et le corps en N.
Putain, 25 euros pour ne pas réussir à dormir tout son saoul, c'est cher payé. Au moins pourrais-je me doucher demain matin...

9 décembre 2007

[56] 80 kilomètres

Jour 35

Gueule de bois et dimanche calme à Montolieu.
Malgré la barre, ai passé la journée à écrire, mise à jour de mes carnets de la semaine en version numérique. Et aussi un mail d'encouragement à Lucie, la graphiste rencontrée la veillle, après un tour d'horizon sur son book online (www.millepattes.net).
Agréable de dormir dans un lit, même si la pièce est très froide. Je ne me souviens plus si, lors de ma dernière visite, mon cousin avait un poêle ou un radiateur pour chauffer la pièce. Je ne quitte pas ma parka et mon bonnet.
Et ô miracle, malgré la très-grasse matinée, mon corps ethylisé est épuisé, m'obligeant sans effort à me muer en couche-tôt ce soir. Il faut bien ça : j'ai mis le réveil à 6h00 du matin, pour repartir à temps vers Toulouse (environ 80 km) dans ma titine, en faisant auparavant un brin de ménage dans la maison, histoire d'effacer mes traces. C'est bien la première fois de ma vie que je dois effectuer une telle distance pour me rendre au taf, et ça ne me plaît pas du tout.

8 décembre 2007

[55] Le NIL

Jour 34

J'ai dormi plus de 10 heures. Puis, dans l'après-midi, encore 4 heures. Putain, ils sont où mes 20 ans...

Le soir, petite fête chez Emmanuelle à Carca. J'ai retrouvé Max, et j'ai fait connaissance avec des gens très sympa, notamment Lionel, chercheur dans un labo pour des compléments alimentaires. Xavier, espagnol avec lequel j'ai bien rigolé. Charles, paysagiste, et juif par son père. Et puis aussi, la charmante Lucie, graphiste, qui m'a laissé sa carte de visite.

J'étais bien cuité, ce qui ne m'a pas empêché de reprendre la route vers Montolieu, vers 7h30 du matin malgré l'insistance d'Emmanuelle ou Lionel de dormir à Carca. Je devais au moins avoir 2 grammes dans le sang. Mais concernant l'alcool au volant, je garde le NIL : le Noyau Incompressible de Lucidité, qui m'empêche de me prendre pour le roi de la route, tout en ayant conscience de la décreptitude de mes réflexes. Autrement dit, plus je suis bourré, plus je suis attentif. Etonnant, non ?

7 décembre 2007

[54] Bye bye Véro

Jour 33

Voilà, fin du squatt chez Véro. Ouf.
Départ pour Montolieu, avec tous mes sacs. Vent et averse sur la route. Arrivée dans la maison de Montolieu. Froide, sans aucun chauffage.
Peu importe. Je vais enfin dormir tout mon saoul, sous 3 couches de couvertures, un pétard dans le nez.
Trop de sommeil en retard. Epuisé.
Je redécouvre le plaisir du week-end...

6 décembre 2007

[53] Grillé et bousculé

Jour 32

Elle ne m'a pas dit "Bonne nuit" hier.
Et elle ne m'a pas dit "Bonjour" ce matin. Charmant...

Au boulot, j'ai frôlé la catastrophe. Dans la salle de pause, j'ai posé des questions à une fille - intégrée dans une session précédente - relatives au 1er contrôle des connaissances, auquels sont soumis les nouveaux embauchés, et qui a lieu demain après-midi.
Ni une, ni deux, la meuf ouvre son sac, arrache 3 feuillets qu'elle me met dans les mains, avant de se casser comme le vent. Enervée. Elle avait eu une mauvaise note. Je suis tout seul dans la salle de pause, avec, si ça se trouve le questionnaire du lendemain. Mais je n'en suis pas sur. Je me dis que si les formateurs n'ont pas ramassé ce questionnaire, c'est qu'il doit changer à chaque session. Dans le doute, je n'en parle à personne, et je garde les feuillets pour moi.
Mais à la fin de la journée, j'ai juste eu le temps de regarder la 1ere question... je m'apprête à partir, quand je croise une femme, près de l'ascenseur qui me sort :

- Dites-moi, j'ai entendu dire que quelqu'un de cet étage avait récupéré un des quizz de vendredi.
- (gloups) Euh... oui oui... c'est exact...
- Ah, et tu sais qui c'est ?
- (re-gloups) Euh... c'est moi...
- Ah, tu peux me le rendre s'il-te-plait ?

Et voilà, grillé.
Là, j'essaie d'expliquer le plus sincèrement du monde, que le quizz en question, m'est arrivé presque par inadvertance entre les mains. Que je pensais que le questionnaire changeait à chaque session.
Mais non, m'explique-t-elle. Le questionnaire est le même pour tout le monde.
Dix fois elle m'a fait jurer et répéter que je n'en ai parlé à personne, ni fait de photocopies etc.
A la fin, elle me dit de ne pas m'inquiéter, qu'il n'y aura pas de conséquences, que tout ça est finalement très humain. D'ailleurs, elle-même n'est pas très fière de ne pas avoir repris les "copies" en temps et en heure...

Après le boulot, j'ai eu beaucoup de mal à me décider à rentrer chez Véro. Dans ces cas-là, seule la fumette m'offre la possibilité de m'évader d'un environnement hostile dans lequel je suis prisonnier. Mais je n'avais pas de matos. Alors je déambule sur le parc Wilson hyper-fréquenté, en centre ville. Je m'asseois sur un banc. Il ne s'écoule pas trente secondes, quand 2 petits arabes viennent aussitôt s'asseoir à côté de moi. Ils m'ont bien flairé. Première question, directe :

- Tu veux combien ?
- Vingt euros.
- Okay, viens avec nous.
- Non, je reste là.
- Okay, bouge pas, je reviens.

L'un des gamins part chercher le matos.

Entre-temps, un grand balèze arrive. Course de vitesse. Il veut me vendre un bout à 50 euros, avant que le gamin revienne. Je trouve la portion un peu faiblarde, et je refuse le deal.

Le gamin revient avec des potes, tous en survet bien sur. Et là, je comprends pas ce qui se passe. Ils commencent à se disputer en arabe. Je vois pas où est le problème.
Finalement, un gamin me glisse dans la main un peu de chichon. Une fois encore, je trouve ça faiblard, mais j'ai trop besoin de ça ce soir, alors je prends ce qu'il me vend. Ensuite, il me propose son numéro de téléphone, histoire de fidéliser le client. Je ne sors pas mon portable. Je lui tends un paquet de Rizzla et un stylo, pour qu'il écrive sur le carton. Il a peut-être 12 ou 13 ans, mais il n'arrive même pas à écrire son nom, sans faute d'orthographe.
C'est alors que le grand balèze se lève de son banc, me pousse d'une main en m'accusant de faire des histoires, tandis que son autre main se glisse dans la poche de ma parka. Je suis plus rapide que lui, il ne me dérobe rien du tout, et je lui sors :

- Oh, qu'est-ce tu me fais les poches, toi !!

Là, il s'énerve. Il est prêt à en découdre. Moi je suis pas un violent, je recule un peu, mais hors de question de fuir comme un lapin. J'étais pris entre la peur de me bastonner, et l'envie qu'il me cogne la gueule, histoire enfin "d'exploser", et de lui fumer sa tronche dans dans un instant de folie incontrôlé.
Mais Yassine, mon petit vendeur, s'interpose, et calme le grand balèze.
Je repars en marchant, tranquillement.

Chez Véro, c'est de pire en pire. Depuis hier, elle a même expatrié la télé du salon où je dors, pour la mettre dans sa chambre. Et bien sur, pas un mot à mon égard. Elle me prend vraiment pour une grosse merde.
C'est décidé, je prends mes clics et mes clacs, et je me tire dès demain. Avec l'argent reçu par mon père, j'irai dormir dans un premier temps dans un petit hôtel, pas loin du boulot, à compter de dimanche soir. Et tout le week-end, je serai du côté de Carcassonne. Emmanuelle, une connaissance, m'a invité à une petite fête chez elle, et je peux toujours aller squatter dans la maison de Montolieu de mon cousin Wikki, actuellement en Argentine avec sa famille.

Véro m'a bien fait sentir que mon départ l'arrangeait. Il faut bien comprendre une chose : Véro est accablée de problèmes. Elle doit s'occuper de ses 3 enfants, elle est en instance de divorce, elle a des problèmes d'argent, et elle est loin de sa famille d'Evreux qui lui manque. Je peux comprendre qu'un grand dadais de mon genre soit un facteur de stress supplémentaire. Elle porte beaucoup sur ses épaules. Mais c'est elle qui m'a spontanément ouvert sa porte. Elle qui me répétait "y a pas de souci, y a pas de souci, y a pas souci" avant que je ne pose le pied chez elle. Je ne me suis pas imposé. A aucun moment, je n'ai pillé ses réserves alimentaires ou laissé trainer mes chaussettes, ou essayé de la sauter comme un malpropre. Au contraire, j'ai ramené une grande cagette de fruits pour ses enfants, je lui ai fait fumé mon herbe, j'ai filé de la bouffe de mon aide alimentaire, j'ai ramené des baguettes de pain, je l'ai raccompagnée en bagnole, je lui ramenais spontanément des brochures pour des aides sociales, je lui prêtais mes DVD etc. Bref, je ne me comportais pas en parasite pur jus. Elle, de son côté, m'a juste ouvert sa porte, avant de regretter son geste. Pour le reste, je trouve que ses enfants sont bien mieux élevés, et bien plus chaleureux qu'elle-même. Qu'elle aille au diable.

Ce soir, je fume pour moi tout seul le chite du petit Yassine, écouteurs aux oreilles, comme quand je dormais dans la voiture. Et comme prévu, je parviens presque à m'évader de cette atmosphère irrespirable...

5 décembre 2007

[52] Juste un trou

Jour 31

Je dois absolument partir de chez Véro. Je ne supporte plus son attitude qui me donne vraiment l'impression d'être un parasite.
Ce soir, un certain Julien est passé à la maison. Je l'ai pas compris tout de suite, mais il s'agit d'un amant très sporadique, avec qui elle a entamé une relation encore plus sporadique, depuis moins d'un trimestre. Mais ce Julien - au demeurant fort sympathique - la prend vraiment pour un trou. Il la contacte une fois toutes les trois semaines, il vient la sauter, et il se casse.
Je sais qu'elle n'est pas du tout satisfaite de cette relation, mais elle accepte.
Alors avant qu'ils aillent s'enfermer dans la chambre pour fumer le pétard, et s'envoyer silencieusement en l'air (faut pas réveiller les enfants), Véro me jette au salon mon duvet et mon oreiller, sans même penser à me dire un simple "bonne nuit" ! Je trouve ça minable. Qu'elle puisse avoir plus de respect pour un type qui vient se dégorger le poireau, que pour le type qui reste "correct" avec elle, me donne envie envie de gerber. Okay, elle fait ce qu'elle veut de son cul, il n'y a nulle jalousie dans mon ressenti, simplement je trouve ça minable de chez minable. Je me répète, mais c'est vraiment une grosse conne. Je ne sais même pas si elle a conscience de la bassesse de son attitude, s'il s'agit de d'une tactique délibérée afin que je déguerpisse au plus vite. Quoiqu'il en soit, cela porte ses fruits : j'ai envie de fuir au grand galop.
Problème : où aller crécher ? Dans la voiture ? Difficile, à moins d'assumer d'arriver comme un clochard au boulot. Inenvisagable.

Confronté à cette extrémité, j'ai décidé de ranger mon orgueil au placard et de passer des coups de fils pour avoir les moyens concrets de me loger. Patou, mon frère de coeur, accepte de se porter garant. Et même si j'ai horreur de ça, j'ai demandé à mon vieux papa, toujours en Israël, une avance financière pour avoir les moyens d'entrer en appart, puisque je ne peux décemment pas attendre de toucher mon premier salaire pour entamer des recherches de logement.
L'appartement de mes parents ayant été vendu 2 mois avant la mort de ma mère, mon père n'est plus obligé de voler au supermarché, et a pu libérer un peu de cash...
De son côté, je sais qu'il se fait chier comme un rat mort, et encore plus depuis qu'il est veuf, qu'il attend sa propre mort avec une certaine impatience, alors aider son fiston à sortir un peu la tête de l'eau le valorise, lui permet un peu de se sentir utile... y a vraiment quelque chose de pathétique, à se dire qu'en demandant un peu d'argent à son père, quelque part, je fais de l'humanitaire...

4 décembre 2007

[51] Services secrets

Jour 30

Une bonne journée.

Après le blabla théorique de la veille chez Infomobile, premier contact avec les progiciels intranet de travail. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas de la petite bière. J’ai vraiment été impressionné par l’ampleur de leurs multiples bases de données... je disais d'ailleurs à des filles, que j'avais un peu l'impression de bosser pour des services secrets, devant l'énormité des fiches-clients.
J’ai enfin vécu une journée de travail – de formation – me permettant de décrocher de mes sombres humeurs de la veille. Et avec mon background informatique, je me sens comme un poisson dans l’eau dans l’utilisation de ces progiciels, même s’il me reste bien sur énormément de choses à apprendre. A la fin de la journée, la plupart des filles de mon groupe (au passage, je suis le seul mâle de mon groupe), étaient perdues, saoulées, limite paniquées. Alors que moi, j’étais encore chaud, curieux, j’aurais encore pu rester six heures à apprendre de nouvelles choses...

Le soir, Véro a reçu la visite de 3 amis, et les pétards ont tourné. Véro a retrouvé la banane, et communique de nouveau avec moi. N’empêche que j’ai noté qu’elle ne partage pas le joint avec moi, alors que moi, je l’avais précédemment dépanné en herbe. Quel égoïsme. Je sens déjà que demain, elle redeviendra froide et méprisante à mon égard. Quelle conne. Plus ça va, plus j'éprouve de la répugnance...

3 décembre 2007

[50] Dichotomie

Jour 29

Angoisse et déception. Peur. La boule dans la poitrine.

Cet après-midi, premier jour de formation chez Infomobile. Pas inintéressant, mais j’ai dû bailler une trentaine de fois la bouche fermée. Pas assez dormi la veille. Et pourtant ce soir, insomnie.

Passé l’euphorie de la découverte d’une nouvelle cité, les démons remontent en surface. Je me disais auparavant que j’allais m’oublier dans le boulot, mais la vérité c’est que je pensais souvent à ma mère durant cette première journée d’intégration. Et hier soir aussi. Son cadavre, image si obsédante, sa difficulté à respirer, son regard fixe, sa main complètement refermée sur son  pouce gauche, sa bouche grande ouverte avec à l’intérieur, sa petite langue balançant d’avant en arrière, comme un chien cherchant son air. Cet abruti de Max m’avait dit : « c’était p’tet du morse ! », avant de partir en fou-rire.
Connard.
Et puis je n’accepte pas aussi. Je suis très, très loin d’avoir accepté sa mort. Il paraît qu’il faut 6 mois à 2 ans pour aller au bout d’un deuil. Je pensais que c’était exagéré, mais j’avais tort, je commence à peine à réaliser toute la difficulté du processus.
Je me croyais fort, je me disais qu’une démarche positive m’aiderait à vite prendre le dessus, mais en fait j’ai du mal à émerger. Je me sens horriblement seul. Le seul véritable antidote, pour une nature comme la mienne, relève de l’affection. Je ne parle même pas de sexe. Non, je parle de gens, tout simplement. Mais les figures rencontrées récemment s’écroulent en cascade. Elsa bien sur ne m’a plus rappelé, Valériane veut manifestement couper les ponts avec moi, Esther l’espagnole s’est évanouie après avoir loué la piaule durant le Week-end où j’attendais la réponse d’Infomobile, et avec Véro… je deviens carrément fantomatique !
Passés les sourires et l’érotisme menacant des 1ers jours, je me sens, plus que jamais, comme un squatter encombrant sous son toit. Depuis que je lui ai exposé ce que je cherche réellement chez une femme pour une histoire sérieuse (autrement dit elle ne cadre pas avec ce profil), elle ne m’adresse pratiquement plus la parole, sauf pour parler d’elle-même. Rien, aucune question sur mon week-end, ma vie, et même un simple « T’as pas trop mal dormi par terre cette nuit ? »  est exclu. Sénégal par grand froid. Zéro marque réelle de sociabilité. J’ai perdu presque d’un seul coup tout attrait à ses yeux. Et durant ces moments de douleurs muettes, je pense à Marie, toute humide, sur un autre chibre, dévastateur. Rayé de sa mémoire.

Et puis j’ai peur. Peur de galérer à mort pour trouver un logement afin de m’enfuir de chez Véro. Pas encore de fiche de paie, pas de caution, ni garant physique, la tâche s’annonce rude, et je vis très mal l’indifférence, la froideur de Véro. Oui, c’est ça, elle est devenue indifférente à mon égard. Pourtant, depuis qu’on se connaît, j’ai multiplié les petits gestes à son égard ou pour ses enfants, à elle qui est financièrement dans une situation critique. Mais elle en a rien a carrer, elle prend les choses qu’on lui offre sans un sourire, sans même un misérable merci. Comme si ces choses, quelque part, lui étaient dues. C’est terrible d’être comme ça.
Par moments, je me dis que les vrais liens avec autrui ne se forgent qu’à l’enfance ou l’adolescence, et qu’une fois adulte, les nouvelles relations restent lâches, superficielles et volatiles. Les gens parlent, ils veulent soi-disant t’aider pour faire les beaux, mais une fois devant le fait accompli, on entend leurs dents grincer.

Finalement, le piège se referme sur moi. Pas moyen de nouer de belles amitiés, et plus de cellule familiale, pour se blottir et se consoler, contre une petite femme ou une petite mère, y a pas de mystère, c’est le retour de bâton. Je pense, contre mon gré, à ceux qui m’ont vraiment aimé dans le passé, puisque le présent ne m’offre plus rien.
Quelque part, je sais bien que je suis trop sensible, trop fragile. Je ne me suffis pas à moi-même. La vie n’a aucun sens si l’on doit se suffire à soi-même. Je vis très douloureusement les ruptures, les échecs et les deuils. J’ai un mal fou à mettre des œillères. Et puis, je culpabilise. Il paraît que c’est normal dans un deuil. Je culpabilise de ne pas avoir donné de petits-enfants à ma mère, je culpabilise d’avoir échoué à la sortir de sa misère sociale et affective de ces 10 dernières années, j’ai été horrifié d’apprendre que mon vieux père volait de la nourriture dans les supermarchés pour remplir un peu le frigo… je culpabilise de ne pas lui avoir montré un visage de réussite. Maintenant, il est trop tard, et je vais devoir apprendre à vivre et à mourir avec ça. Personne ne peut comprendre ce qui me traverse. J’aimerais tant la voir, entendre sa voix, voir un sourire, lui prendre la main, elle me manque tant.

Malgré le boulot alimentaire, je suis loin d’être tiré d’affaire. J’ai encore des idées suicidaires qui remontent en surface. Avant, je m’interdisais cette action sans retour, parce que ça l’aurait détruit encore plus fort que le crabe. Mais maintenant qu’elle n’est plus là, cette extrémité devient possible, et je pense souvent à la rejoindre.
Je vieillis. J’ai 34 ans. Mon crâne, lentement mais sûrement, devient plus clairsemé. Sans cheveux, je risque de devenir un vieux garçon, un vieux jeune homme de plus en plus insignifiant. De plus en plus laid, sans attrait pour la gente féminine. Je me sens de plus en plus laid, d’ailleurs. Je fais partie de ceux qui placent l’amour comme moteur central de l’existence. Je pourrais bien accumuler gloire, honneurs et fortune, sans amour la vie n’est rien, c’est une coque vide.
Pourtant, au milieu de ce marasme, je devrais écouter mon hémisphère gauche, il me dit : Patience, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes, laisse le temps faire son office, tu vis un moment très difficile, très intime et qui ne peut se partager avec personne, mais tu verras, dès que tu auras un nouveau chez-toi, tu redeviendras le Galien à l’esprit aérien et surchauffé, et tu taperas naturellement dans l’œil de l’une d’entre elles…

Oui, je peux me répéter ce genre de choses jusqu’à 70 ans. Comme si c’était obligatoire de rencontrer quelqu’un. Comme une de ces cases inévitables du jeu « Destins » : Etudes, boulot, femme, enfants, et Maison du Millionnaire.
Foutaises bien sur.
Il y a un schéma idéal, mais tout le monde n’est pas capable de suivre le plan. Et plus j’approcherais de la quarantaine, plus mon hémisphère droit, le plus dangereux, écrasera tous ces beaux discours.

Voilà en j’en suis en cette fin d’année 2007. Oscillant entre l’envie réelle de me battre, et celle de mourir. Je pue l’échec et la poisse, et ça fait fuir tout le monde, même si je commence toujours par déconner, pour avancer masqué, je ne parle jamais de cette dernière année, et si je le fais, c’est toujours sous le feu des questions sur mon parcours récent, ou moins récent. Mais l’humour, l’imagination verbale, demeurent spontanément le premier visage que je veux offrir aux autres. La preuve chez Infomobile, où 90% des Télé-opérateurs, sont des Télé-opératrices. Nous sommes 8 dans l’ascenseur, et je suis la seule paire de couilles présente dans une forêt d’ovaires. L’une des filles lance alors, inquiète du surnombre dans la cabine :

-
Oh là là, j’espère que l’ascenseur va pas se bloquer, je deviendrais folle !
- Pas de panique, on n’aura qu’à appeler Bruce Willis, il va arranger ça.

Rires de poulettes. Une autre reprend :

- Mais comment on fera pour respirer en attendant les secours ? On va étouffer !
-
Pas du tout, je vous supprimerais les unes après les autres, et y aura plus de problèmes !

Rires de nouveau.
Clap clap clap.
Rideau.

2 décembre 2007

[49] Mal de crâne

Jour 28

Dernier jour de chômage, depuis presque 1 an et demi.

En attendant de "pouvoir" rentrer chez Véro, j'ai passé toute la journée au cinéma. Quatre films. J'ai commencé avec l'excellent American Gangster de Ridley Scott, pour terminer sur le pitoyable Je dors chez toi d'Olivier Barroux. Le grand écart, tant sur le fond que sur la forme.
Après 3 films, j'étais quand même un peu saoulé, avec une migraine carabinée. Double aspegic 500 aux chiottes. J'avais quand même hate que ça se finisse, parce que je crevais la dalle et que j'avais hate d'ouvrir une boite de conserve en stand-bye chez Véro.

Suis rentré chez elle vers 22 heures.
Jérôme était encore là, à faire la sieste dans la chambre, avant de reprendre la route jusqu'à Paris, pendant la nuit.
Mais ce qui m'a choqué le plus finalement, c'est le silence de Véro. C'est à peine si elle m'a dit bonjour, si ça va, ce que j'ai fait depuis 2 jours. Aucune question. Désintérêt total. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je n'aime pas ça du tout...

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