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Journal, très court j'espère, d'un SDF de plus
14 décembre 2007

[61] Petits bonheurs imprévus

Jour 40

Cet après-midi, les choses ont sérieusement commencé au boulot.
Pour la première fois, les mains moites, j'ai pris des appels. Demi-journée d'initiation, en duo avec une "ancienne", avant le grand saut lundi, en solo.
J'ai eu de la chance : Nadia, qui m'accompagnait, était extrêmement gentille, et obligeante à mon égard. Aussitôt après le premier appel (elle écoutait tous les échanges dans un autre casque), elle m'a dit que j'avais une "super-voix" au téléphone ! Très apaisante. Zen. Et que le discours était bien.
Et de fait, je ne suis tombé sur aucun énervé, et j'ai bien senti que les clients que j'avais au bout du fil raccrochaient à la fois satisfaits, avec le sentiment de ne pas être de simples numéros de dossiers.

Après, le stress me paralyse encore un peu le cerveau, pour une maitrise simultanée du discours, et de l'outil informatique. La notion de "temps d'attente pour le client" prend tout son sens en conditions réelles.
D'emblée, j'aime beaucoup cette notion de service couplée à la technique pure. Ca me va bien, je le sens, comme métier alimentaire. Vivement lundi !

Après 17 heures, j'ai filé à l'agence et comme prévu, Patou n'a pas envoyé les pièces. La contribution de Cédric - encore un ami proche - ne suffit pas : il n'est pas en CDI. Quand à Jem, malgré un salaire 7 fois supérieur au loyer, son dossier de garant est rejeté : il est encore à l'essai dans sa nouvelle boite. La guerre du logement continue. Je suis bon pour re-re-repartir à Montolieu, dans la maison vide et froide du cousin. Je pense déjà à la douche du samedi matin.

Suis passé ensuite au Resto Social pour dîner (grassement) avant de prendre la route...

Or, ce matin, on m'aurait dit : Ce soir tu joueras du violon et de l'accordéon, j'aurais regardé mon interlocuteur les yeux mi-clos, et la bouche de travers... C'est pourtant ce qui est arrivé !
Quand je suis passé chez Laurence et Bernard pour prendre les clés de la maison du cousin, il y avait juste Eleonore, 17 ans, leur fille ainée, et son petit ami, Will.
Cela fait 9 ans qu'Eleonore joue du violon. Et spontanément, elle m'a proposé d'essayer !!! Moi qui pensais que la chose était presque "sacrilège" du fait de la relation particulière entre le violoniste et son instrument ! Mais non. Eleonore est une fille très ouverte, artiste, ecolo, sincère. Elle m'encourage d'essayer.
Bref, d'abord c'est l'étonnement : le violon est un instrument très léger ! Je prends l'archet, fait de crin de cheval. Je frotte ces petites fibres aux cordes metalliques: Miracle ! C'est du vrai son de violon ! Ca parait bête à dire comme ça, mais je me suis très vite demandé comment il était possible d'obtenir un son pareil avec du crin de cheval frottant sur du métal.
J'avoue avoir été bouleversé par cette rencontre.
Je pensais à Marie, qui à fait 10 ans de violon, et qui a arrêté sans jamais vouloir reprendre un petit peu. Je comprenais d'autant moins sa décision, que je me sentais violemment touché par ce son que JE générais si près de mon oreille gauche. Une vraie révélation. J'aimais bien le violon avant, mais là, le simple fait de tenir l'instrument entre l'épaule et le menton, de faire aller et venir l'archet, me procurait une jouissance pratiquement inégalée par les autres instruments de musique. Mon coeur bondissait dans ma poitrine.

Eleonore m'a fait aussi essayer l'accordéon. Plus dur, plus encombrant bien sur. Moins raide, moins tendu, moins magique. Et pourtant, j'ai pu sentir un immense potentiel mélancolique émanant de cet objet. Avant je trouvais ça vraiment ringard. L'accordéon, c'était Pascal Sevran, Yvette Horner, Raymond et son orchestre. Mais je sentais, l'instrument contre ma poitrine, qu'il y avait autre chose, de bien plus beau, de bien plus poignant dans le ventre de la bête. D'ailleurs Eleonore m'a interprété, sans aucune fausse note, Amélie Poulain, de Yann Tiersen. Extraordinaire.

J'ai passé une très bonne soirée avec les deux adolescents. J'ai même mangé des Samoussa Bio au paté végétal produit par ses parents. En partant, Will m'a accompagné à la voiture. Je lui bien fait savoir, qu'Eleonore était une personne très saine, et que ça court pas les rues les gens comme ça. Qu'il soit bien conscient de ça, sans vouloir faire le vieux donneur de leçon. Je le pensais vraiment...

Vers 23 heures, je franchis à nouveau le seuil de ma résidence "secondaire", même si je n'ai pas de résidence "primaire". Atmosphère glaciale. Je dors sous quatre couvertures, toujours en boule. C'est la position la plus rassurante, et puis, le bout du lit est gelé, et c'est très désagréable de le réchauffer avec ses pieds...

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