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Journal, très court j'espère, d'un SDF de plus
18 décembre 2007

[65] Et c'est parti pour le train-train...

Jour 44

8h45 : Sortie obligatoire du foyer.
Comme le taf commence à 9h30, j’arrive en premier de mon groupe. Ca me change, moi qui, depuis tout petit, à la sale habitude de courir pour arriver "juste à l'heure", en sueur généralement. Au moins, on pourra pas me virer sur l’assiduité horaire.

Au téléphone (ou au casque plutôt), je commence à prendre de l’assurance, et à maîtriser le discours. On nous demande que ça pour l’instant. Ca tombe bien, parce que je réalise à quel point la formation est insuffisante.
Obligé de demander de l’aide à 1 appel sur 2. Pas grave. Chaque jour, j’en saurai plus que la veille, et surtout, je suis avide d’apprendre.

Mais plus important que tout : le temps passe vite, je ne m’ennuie jamais, et je m’oublie dans le boulot, j'oublie un peu maman, mon sentiment d'exclusion, le vide existentiel de certaines heures, j'oublie le mépris voilé de Marie, et ses doutes quant à ma capacité de ne pas vivre uniquement sur le dos de quelqu'un. Bien sur, maintenant que maman est morte et que mon dos est rafistolé, c'est plus facile de faire ses preuves. Quelque part, j'aimerais qu'une petite souris lui susurre à l'oreille à quel point elle s'est lourdement trompée à mon sujet, et que j'ai fait exactement ce que j'ai annoncé...

Mais pour le logement, je patine encore un peu. L’agence, qui gère un appart intéressant que j’ai visité, tourne à des horaires inadéquats : il commencent après moi, finissent avant moi, et sont fermés le samedi ! Et ils sont difficilement joignables au téléphone. Ils auraient dû me rappeler pour le suivi du dossier, mais ils m’ont totalement zappé. Ca commence sérieusement à me prendre le chou cette histoire…

Comme au boulot, je commence aussi à me sentir à l’aise au foyer, à communiquer davantage. J’ai bien pris soin cette fois-ci de ramener mon oreiller, et quelques affaires indispensables à une bonne hygiène.
D’ailleurs je remarque rapidement que les ¾ des pensionnaires sont plutôt mutiques. Ce sont toujours les mêmes qui conversent à haute voix.
La nuit a été aussi courte que la veille : faut vraiment que j’arrête de penser...

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